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dimanche 15 janvier 2012

Futur Inspecteur(trice) pour Michelin ? ...

La Démocratisation ... phénomène de généralisation d'un processus à l'ensemble d'une population. Socle du monde moderne occidental, que tout un chacun se doit de considérer comme Graal aux risques de se voir taxer de snob' ou pire, de réac'. Mais pourquoi tout démocratiser ?! A quoi bon ? Finalement rares sont les domaines non appauvris par leur démocratisation ...

Et surtout, pourquoi aborder le sujet ? En fait, il ne s'agit que d'une réaction à la "Une" de l'hebdo "L'Hôtellerie/ Restauration" et à l'article s'y rapportant: Michelin & son Guide succombent aux sirènes de "la Parole aux Consommateurs" sur le net ... ils "soumettent les professionnels aux avis des internautes". De quoi ?!




En fait, le très célèbre guide rouge a la couverture entre deux chaises, voire trois. Son système de notation, l'attribution ou le retrait de récompense peuvent prêter à la polémique, mais si il est un fait, c'est bien sa crédibilité acquise, aussi bien auprès des professionnels que des consommateurs, au cours du siècle dernier. Seulement, et depuis une dizaine d'années maintenant, la mode n'est plus aux experts ... le péquin lambda veut donner son avis éclairé (en basse tension uniquement). De prime abord, la démarche semble saine, désacralisant la critique gastronomique. Mais à y regarder de plus près, le doute s'installe rapidement ... Perso, "on" m'a déjà conseillé un resto pour lequel l'accompagnement du plat d'un menu à 35€ n'était autre que ... des frites (?!!). Une autre personne me déconseillait l'une des meilleures tables du département (au seul motif qu'il en voulait à leur chaudière ... il était plombier ...), me redirigeant chez le voisin, une sommité locale dans l'infamie. Je ne parlerai pas ceux qui ont besoin du macaron pour aimer, ou des autres dénigrant dès qu'il y a récompense. Qui n'a pas vécu ces moments là ? Et il faudrait donner la parole sur le sujet à ces gens là ?!! Ils vous dézinguent un restaurant proposant un magnifique consommé de queue de bœuf transparent comme de l'eau de roche (n'y comprenant rien), pour encenser le terminal de cuisson du coin qui ne fera que déballer et réchauffer ... Les restaurateurs présents dans le Michelin l'ont faits savoir: ils ont besoin de guides (l'étoile vous assure au moins 20% de clientèle en plus) crédibles (le public doit se retrouver dans les appréciations). Ils ne veulent pas imaginer qu'un internaute n'ayant mis les pieds dans leur resto puisse avoir la possibilité de les dénigrer publiquement sous la bannière "Guide Rouge Michelin".

Mais pourquoi Michelin se lance-t-il dans cette usine à gaz ? D'abord, il y a Le fameux guide rouge édité à plusieurs dizaines de milliers d'exemplaires chaque année: à presque 25€ pièce, le calcul est vite fait ... Ensuite, il y a toute la branche cartographie et itinéraires de Via Michelin ... Et enfin le nerf de la guerre: gagner des parts de marché. Pour se faire, Michelin ouvre son portail numérique à des établissements autres que ceux déjà sélectionnés par le Guide (un genre de vitrine, à partir de 69€/mois pour le professionnel), qui pourront ainsi profiter des flux de la marque. Celle-ci assure par ailleurs aux "élus du guide rouge" une nette distinction par rapport aux nouveaux venus sur le site, mais pas plus de précision.

Si pour beaucoup de personnes le système de notation ne devrait pas exister, remplacé par de simples "j'aime/j'n'aime pas", encore faut-il que ceux-ci soient argumentés et émis par des érudits, et non par un palais élevé au McDo et au poulet de batterie ... Sinon, le Michelin sera très vite une anti-chambre du Dîner Presque Parfait ...

7 commentaires:

  1. C'est un peu comme ça que sa fonctionne avec les coupons-réponses de guides (Bottin gourmand ?) : tu participes en envoyant un compte-rendu, mais c'est vérifié derrière, non ?

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    1. Dans tous les cas, Michelin assurerait une modération ... mais effectivement, certains auraient abordé ce système de coupons réponses, qu'il faudrait adapter à l'outil Internet ... à suivre

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  2. Je partage ton avis, donner la parole aux particuliers, même si l'intention est louable, peut être dangereux. J'ai vu le cas d'un restaurateur étoilé près de chez moi qui, récemment, a reçu une lettre "enflammée" d'un particulier disant qu'il ne viendrait jamais manger chez lui car sa façade de restaurant est peinte en noir et blanc et lui semble trop triste !! D'un autre côté, les testeurs du guide sont-t-tils toujours impartials eux-mêmes ? Leurs avis et notations m'ont parfois semblé exagérément élogieux dans certains cas (je pense à Marc Veyrat), mais bon, ça n'engage que moi.

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    1. Dans les 2 approches, il y a du bon et du moins bon ... C'est vrai que des cuisiniers qui n'avaient pas suivi le cursus "habituel" des étoilés se retrouvaient parfois "taclés", que des tables se sont vues retirer un macaron simplement parce que les plats n'évoluaient pas (pour un savoir faire ou une qualité identique), ou a contrario que des chefs furent "sur évalués" ou "protégés" (il se dit par exemple que Bocuse perdra la 3è étoile aux lendemains du décès du Grand Paul). Par contre, dans son immense majorité, le Michelin (ou encore le G&M) reste LE guide gastronomique. Le plus gros reproche serait à l'égard des "petits restos" sélectionnés qui ne sont vraiment pas mis à jour, les inspecteurs ne s'y rendant pas régulièrement.
      En ce qui concerne la "critique populaire", je préfère qu'elle s'en tienne à l'ancestral "bouche-à-oreille" ...

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  3. D'accord avec toi, Ben.
    Je suis souvent agacée lorsqu'on mélange les cartes et qu'on tire l'art, y compris culinaire, vers le bas.
    Pour continuer le parallèle avec l'art, Gaston Chaissac est typiquement le peintre nul qui a été encensé par la critique à la suite d'un pari. On parle encore de ce faux peintre moderne juste parce que les critiques de l'époque l'ont loué, alors qu'au départ leur jugement était infondé.

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  4. Je pense aussi que la critique doit rester professionnelle. Il faut une certaine culture de la gastronomie pour pouvoir juger un restaurant, un chef, une cuisine; il faut être habitué à manger dans des restaurants de styles et de standings différents pour faire la mesure des choses. Un particulier va juger à son aune, par exemple s'il préfère la quantité à la qualité, et les assiettes bien remplies (ce qui est le cas de beaucoup de personnes), il va mal noter une cuisine de chef dont le menu dégustation, composé de 7 ou 8 services, aura des assiettes épurées, même si à la fin on a du mal à finir. Les gens ne verront que le vide dans les assiettes. Ce n'est qu'un exemple, mais il est significatif. Je suis très méfiante sur les avis des particuliers sur les sites, souvent ils ne sont pas représentatifs de ce que moi je ressens dans le même établissement.
    Ceci dit, on peut aussi être en désaccord avec un critique professionnel. Mais ce dernier va argumenter son avis. Ce sera donc possible de le comprendre et de savoir si oui ou non on a envie d'aller tester l'établissement malgré tout, si les arguments ne nous semblent pas valables.

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    1. Salut Marie Claire,

      Quel que soit le système de "notation" ou d'appréciation, il y aura des points noirs ... mais comme toi, et contrairement à d'autres, je pense que la critique doit rester une affaire de connaisseurs, reconnus par leurs pairs. Certes, ce sont des êtres humains, avec leurs défauts et leur subjectivité, mais dans l'ensemble et à quelques exceptions près, les deux grands guides gastronomiques sont crédibles, tant au niveau des professionnels qu'à celui des consommateurs avertis.

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